Avant de parler de Learning Experience Platform (LXP), faisons un petit pas en arrière.
Cela fait maintenant de nombreuses années que la plupart des organisations se sont dotées d’un Learning Management System (LMS). La plateforme sert à répondre aux besoins de formation de leurs collaborateurs sur des problématiques identifiées par l’organisation.
Le préfixe « e » désigne généralement le web.
Le e-learning, c’est donc littéralement « apprendre sur internet ». Le LMS, en tant que catalogue de formation centralisé (ou pas) d’une organisation, en est l’incarnation.
Aujourd’hui, l’ensemble des technologies digitales à notre disposition nous permettent d’aller plus loin que juste proposer des catalogues de contenus en ligne. La réalité virtuelle, l’intelligence artificielle, les recommandations, les micro-contenus, l’analytique… doivent être exploités.
Dans ce contexte, on ne peut plus vraiment parler de e-learning. Il faut plutôt parler de digital learning. Ce digital learning, plus divers, plus robuste, plus adapté à notre quotidien et qui s’appuie sur l’ensemble des technologies digitales est incarné par la Learning Experience Platform (LXP).
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Une Learning Experience Platform (LXP), c’est quoi ?
Une Learning Experience Platform (LXP) a pour objectif d’optimiser l’expérience d’apprentissage de l’apprenant.
Pour ce, elle doit être vue comme un cadre qui réconcilie les besoins des organisations avec ceux des apprenants.
D’un côté, elle met des fonctionnalités dans les mains des l’apprenants afin qu’ils s’approprient véritablement l’environnement d’apprentissage, elle livre des expériences d’apprentissage personnalisées, facilite l’accès au contenu et incorpore des méthodes d’apprentissage digital novatrices afin d’optimiser la montée en compétence des collaborateurs.
De l’autre, elle permet aux organisations de partager une grande variété de contenus sur leurs thèmes et compétences stratégiques, faire de la curation de contenu et améliorer leur visibilité sur les compétences des apprenants.
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Learning Experience Platform (LXP) et Learning Management System (LMS), quelles différences ?
Orientation vers l’utilisateur final
La première différence est le changement d’orientation du client au bénéfice de l’utilisateur.
Les Learning Management Systems, avec leur modèle objet qui date du début des années 2000, ont été créés pour diffuser des contenus de e-learning. Ils servent aussi à administrer l’offre de formation interne de l’entreprise toutes modalités confondues (e-learning et présentiel).
Ces systèmes furent conçus comme une solution aux problématiques de leurs clients RH. L’architecture était donc pensée sous la forme de sessions, d’inscriptions, de workflows de validation, des feuilles d’émargement pour le présentiel, d’e-mails de convocation, de deadlines…tout un panel fonctionnel qui est encore critique aujourd’hui.
C’est d’ailleurs pourquoi, sur le principe, une entreprise peut se passer de LXP, alors qu’elle ne peut pas se passer de LMS.
Le LXP, quant à lui, a été conçu en fonction de l’utilisateur final, l’apprenant.
Si une plateforme n’a pas été construite avec les codes d’une plateforme B2C (Facebook, Netflix, Amazon, Spotify…) alors les utilisateurs seront moins engagés. Ils ne se connecteront pas par eux-mêmes pour se former et le feront en dehors de l’environnement.
Nouvelles modalités pédagogiques
La deuxième différence est celle de la modalité pédagogique.
Les LMS fonctionnent bien pour développer des compétences sur des parcours structurés, avec des quizs, des relances, blended ou non. C’est ce qu’on appelle le macro-learning.
Le LXP, quant à lui, ne se concentre pas que sur la partie structurée ou formelle de l’apprentissage. Au contraire, il tente de capturer l’informel (vidéos, articles, podcasts…)
Le LXP, c’est un peu le Google, Netflix ou Youtube, ou les trois à la fois, de la formation. C’est une réponse du monde du e-learning à la tendance B2C du « juste à temps » dans une société de l’immédiateté.
Le LXP est là pour agréger et consolider l’ensemble des contenus de formation de l’entreprise, qu’ils soient dans le LMS ou non, et donner la possibilité à un utilisateur d’avoir une réponse à sa problématique en quelques clics.
Les contenus sont raccourcis au maximum (micro-learning), et bien indexés via des métadonnées pour permettre aux moteurs de recherche et de recommandations similaires à ceux de Netflix ou Amazon de pouvoir proposer à l’utilisateur du contenu pertinent en fonction de son usage que ce contenu soit présent dans le LMS ou non.
C’est au-dessus de cette fonctionnalité essentielle que les éditeurs de LXP ont intégré des fonctionnalités complémentaires à leur produit.
Les tendances digitales qui rendent la Learning Experience Platform (LXP) indispensable.
Depuis la création des premières plateformes de e-learning, il y a maintenant plus de vingt ans, de nombreuses choses ont changé.
De nouvelles technologies et outils ont fait leur apparition, se sont démocratisées et ont fait évoluer le comportement d’utilisateur. De nouveaux standards e-learning et de nouveaux formats de contenu sont devenus partie intégrante d’un environnement d’apprentissage bien construit.
1) Des plateformes de plus en plus invisibles
Tractées par des GAFAM qui investissent lourdement dans l’IOT, dans l’AR/VR/MR, dans des agents conversationnels…, les plateformes telles que nous les connaissons sont encore en train d’évoluer.
Actuellement, tout n’est qu’une URL reliée à une plateforme. Cet investissement est animé par la volonté de transformer l’expérience traditionnelle du navigateur et amorcer un nouveau paradigme du web.
Un paradigme dans lequel nous ne nous connecterons plus à des plateformes tels que Facebook, Google ou Amazon mais, d’une certaine façon, ce seront elles qui se connecteront à nous. Google Glass, ou Oculus en sont de parfaits exemples. Facebook estime même que la réalité augmentée remplacera les smartphones d’ici 2030.
Un autre exemple qui parlera à tout le monde, celui du GPS d’une voiture. Il y a encore peu, il était nécessaire de saisir lettre par lettre son adresse de destination via une interface. Maintenant nous le faisons à la voix. Il en va de même pour les assistants vocaux (Alexa, Home). Il n’y a plus d’interface, plus vraiment de plateforme. Du moins, on ne la voit plus.
2) LRS et xAPI
Un LRS, ou Learning Record Store, est une base de données servant à stocker l’ensemble des informations de votre écosystème learning au format xAPI.
Une entrée au format xAPI a toujours la syntaxe suivante :
- Utilisateur + Verbe + Objet
Exemples :
- John Doe a liké cet article.
- Jane Doe a partagé ce contenu.
- John Doe a regardé cette vidéo sur Youtube.
- Jane Doe a complété cette ressource e-learning sur le LMS.
- John Doe a recherché « management » dans le LXP.
- …vous avez compris le principe.
Ces données peuvent s’écrire dans le LRS depuis n’importe quel site web et pas seulement des traditionnels LMS, LEP ou LXP.
xAPI
C’est ce qui fait de la norme xAPI une avancée indispensable dans l’industrie du learning.
Elle permet de capter les données d’utilisation en dehors des plateformes de learning, mais aussi de stocker dans le Learning Record Store d’autres informations que celles que vous auriez autrement stockées sous un format Scorm ou AICC à partir de vos contenus.
Vous pouvez par exemple stocker des informations provenant du CRM, d’applications de feedback ou d’engagement, de réseaux sociaux… C’est d’ailleurs pour cela que l’ADL (l’organisme qui a mis au point le standard xAPI et auparavant Scorm) ne cesse d’allonger la liste des verbes disponibles. Avec la complexification des données émanant des écosystèmes de learning, il fallait une norme plus ouverte et en adéquation avec les nouveaux usages. Il est donc nécessaire de ne pas enfermer xAPI dans un carcan comme l’était Scorm. Exemples de « statements » xAPI :
- John Doe a changé le statut de cette opportunité.
- John Doe a demandé un feedback sur sa compétence « Ecoute active ».
- …
Avantages du LRS
Un avantage, et non des moindres, du LRS et de xAPI est que stocker l’ensemble de vos données learning dans un LRS atténue significativement votre dépendance à un fournisseur de LMS, voire à des fournisseurs de LMS quand plusieurs sont déployés dans l’entreprise. Dans ce scénario, vous avez la maîtrise de vos données.
En effet, nous connaissons la difficulté de migrer des données d’un LMS A vers un LMS B lorsque vous changez de fournisseur. Il faut d’abord exporter les données historiques. Il faut ensuite vérifier sa bibliothèque de contenus (compatibilité Scorm / multi-Sco… et qui varient d’un éditeur à l’autre). Enfin, il faut transformer ces données et les réimporter dans le nouveau LMS.
Avec un LRS, la migration de données est grandement simplifiée.
Vous exportez automatiquement toutes les données de votre LMS actuel que vous copiez dans votre LRS (comme un système de backup) en plus de vos autres flux de Learning. Si vous êtes amené à changer de fournisseur de LMS, vous n’aurez qu’à « rebrancher » votre nouveau LMS à votre LRS déjà existant. Plus de problèmes de migration de données.
La solution est loin d’être miraculeuse mais elle n’en reste pas moins intéressante à explorer.
C’est le bénéfice du LRS, avoir une base de données structurée, standardisée et facilement lisible par plusieurs systèmes.
3) Nouvelles technologies
De nouvelles technologies comme l’Internet des objets (IoT – Internet of things), le cloud, l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle et augmentée, les data analytics, la fibre optique, la 4G et bientôt 5G… changent complètement la donne. Elles peuvent nous propulser dans une nouvelle ère de l’apprentissage et habiliter de nouvelles méthodes d’apprentissage.
4) Internet et Mobile
Avec plus de 75% de taux de pénétration au niveau mondial, on peut considérer que la technologie mobile a atteint une adoption globale. De son côté, les données consommées ne cessent de grimper.
Pour le sujet que nous traitons aujourd’hui, il y a deux tendances qui nous intéressent particulièrement.
Le smartphone comme seul outil
La première est le fait que, étant donné que les ordinateurs portables ont (presque) remplacé les ordinateurs de bureau, les smartphones ne tarderont pas à (presque) remplacer les ordinateurs portables.
En effet, certains fabriquants proposent déjà des smartphones avec 8GB de RAM, et l’essor du cloud rendra de plus en plus facile d’exécuter des tâches complexes directement sur son smartphone.
De plus, le principal obstacle pour qu’un smartphone puisse avoir un périmètre fonctionnel similaire à celui d’un ordinateur portable est le système d’exploitation. Apple, Google ou Microsoft travaillent activement pour réduire le trou fonctionnel qui sépare les deux appareils avec respectivement leur Ipad Pro, Surface Pro et Pixel.
Une fois le système d’exploitation développé, vous n’aurez plus qu’à brancher votre smartphone sur une station d’accueil connectée à un écran et le tour est joué. Plus vraiment besoin d’ordinateur portable.
La seconde tendance directement liée à l’essor de la technologie mobile est sa capacité à faciliter l’intégration de nouvelles technologies et de nouveaux usages. Que ce soit de la géolocalisation, du scan de code barre, QR code, de la reconnaissance d’image, de l’IoT, de la réalité virtuelle ou augmentée, ces technologies ont toutes un point commun, le mobile (smartphone ou objets connectés).
5) Nouveaux formats et nouvelles façons de consommer du contenu
Vous l’aurez remarqué, le contenu sur étagère n’est pas toujours attirant pour les apprenants : trop long, peu contextualisé, peu interactifs (top-down)… Bien qu’il reste la pierre angulaire de votre environnement d’apprentissage, beaucoup opteront pour d’autres formats et d’autres moyens de distribution au moment de se former sur de nombreuses problématiques.
La façon dont les apprenants consomment du contenu d’apprentissage s’apparente de plus en plus à la façon dont ils consomment du contenu en dehors du cadre professionnel.
Beaucoup vont préférer aller sur Youtube, écouter un podcast, lire un article… pour apprendre quelque chose. Il faut donc adapter les environnements en conséquence.
Ils vont préférer faire leur veille sur les réseaux sociaux, s’abonner à certaines plateformes de contenu (Netflix, Youtube…).
Bref, les apprenants changent et il n’est que logique que les plateformes qui leur sont destinées s’adaptent.
6) Curation de contenu et contenus générés par les utilisateurs (CGU)
La curation de contenu de e-learning, c’est simplement la recherche, le tri et le partage systématique de contenus pertinents pour votre organisation dans une seule application.
Si la curation de contenu implique d’intégrer de manière ordonnée des contenus externes à votre environnement d’apprentissage, il est également possible que le contenu soit généré en interne avec une approche de User Generated Content (UGC).
Ces deux concepts sont complémentaires.
Non seulement ils participent à combler le temps entre un besoin de formation sur un sujet particulier et la création d’une formation formelle dessus (métrique aussi appelée Time to Learn ou mise à disposition de l’offre face à la demande), mais ils permettent de combiner de la formation non spécifique à l’organisation, avec de la formation spécifique à l’organisation.
Ils permettent aussi l’accès facile à du contenu sur des problématiques qui ne sont pas très courantes, qui ne concernent que quelques employés et pour lesquelles il ne serait pas rentable d’investir du temps (interne d’un formateur ou externe) dans la production d’un contenu.
Il existe deux approches principales à la curation de contenu.
L’approche ascendante et l’approche descendante. Chacune vient avec son lot d’avantages et d’inconvénients et elles ne sont pas mutuellement exclusives. Il est tout à fait possible d’adopter les deux dans une approche hybride, et d’ailleurs, c’est ce que nous recommandons.
Approche descendante
L’ approche descendante, à la base du digital learning traditionnel consistait à avoir des L&D qui créaient et poussaient du contenu à destination de l’apprenant. Il existe de nouvelles technologies, à l’approche automatisées qui parcourent le web et font de l’analyse sémantique sur le contenu pour identifier les thèmes traités et ensuite intégrer ceux qui vous intéressent à votre environnement d’apprentissage.
Vous l’avez deviné, les avantages et inconvénients de cette approche sont qu’il n’y a pas de collaboration mais, le contenu sera mieux organisé. Vous aurez plus de chances que les contenus proposés soient pertinents.
Approche ascendante
L’approche ascendante, qui pourrait également s’appeler l’approche collaborative, implique que ce soit vos apprenants et vos responsables L&D qui trouvent et partagent le contenu. Pour ce, il vous faut un outil permettant le partage, qui soit intégré avec des sources de contenu formel comme informel…
Elle présente l’avantage d’être, comme son nom l’indique, plus collaborative, plus sociale. Elle crée plus d’engagement auprès de vos apprenants, incite au partage et aide à créer une véritable culture d’apprentissage et d’excellence au sein de votre organisation.
Ceci dit, afin de tirer plein profit de la curation, il faut que le contenu soit bien organisé, bien indexé. Ainsi, un moteur de recommandations pourra facilement reconnaître le contenu et fournir des recommandations pertinentes. Il est possible d’indexer le contenu à la main. Toutefois, selon la taille de votre organisation, il peut rapidement devenir compliqué de maintenir un catalogue ayant un volume important. C’est dans ce contexte que l’approche descendante devient intéressante.
Nous recommandons une approche hybride qui combine les deux.
Points clés d’une Learning Experience Platform (LXP) : L’expérience utilisateur avant tout
L’objectif principal d’un LXP, c’est de faciliter l’accès à tout type de contenu et le servir le plus efficacement possible.
Un LXP doit être pensé en fonction de l’utilisateur final, l’apprenant.
Il doit fournir une expérience d’apprentissage immersive, intuitive, continue et personnalisée.
1) Agréger et indexer différentes sources de contenu
Un LXP doit tout d’abord agréger et indexer l’ensemble des sources de contenus disponibles à l’apprenant.
Que ce soit les contenus internes mis à disposition dans le(s) LMS de l’organisation, les fournisseurs de MooC, les plateformes B2C (Youtube, Spotify, Vimeo, Dailymotion…), les contenus en réalité virtuelle ou augmentée, les moteurs de recherche… l’apprenant doit disposer d’un seul et unique point d’accès à l’ensemble des contenus jugés pertinents par les parties prenantes.
Le LXP doit aussi rendre facile de trouver des contenus pertinents en indexant les contenus dans un moteur de recherche.
Enfin, selon la taille de l’organisation, il peut y avoir plusieurs dizaines de milliers de contenus à indexer. Le LXP doit donc disposer d’un système de recherche intelligent.
2) Intégration à tout un écosystème
Un LXP s’intègre finement avec les autres écosystèmes de l’organisation.
Il doit bien sûr être intégré avec le LRS de l’organisation et avec les outils de Business Intelligence. Ainsi, l’organisation pourra mesurer facilement ce qui se passe dans l’ensemble de l’écosystème selon une approche de Learning Analytics.
Il doit aussi disposer de toute une couche technologique. Par exemple, un moteur de recommandation, un Learning Bot, un outil de génération de métadonnées, un outil de User Generated Content ou de curation de contenu…
Enfin, il doit incorporer des aspects de Learning in the Flow of Work en se connectant aux outils de productivité de l’organisation. Les apprenants peuvent se voir recommander du contenu dans Slack, Microsoft Teams ou dans leur suite Google, leurs réseaux sociaux…
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Ressources utiles:
Professionalising Learning and Development – Towards Maturity
Learning Experience Platform (LXP) Market Grows Up: Now Too Big To Ignore – Josh Bersin
What Is a Learning Experience Platform and Will It Replace Your LMS? – GetApp
The Power of Collaborative Learning: More Important Than Ever – Josh Bersin
- 2019 Total Learning Architecture Report – ADL